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13 Dec

« Le démantèlement », celle d'une vie pour ses enfants

Publié par Laurent Leblond  - Catégories :  #« Le démant<element » Cinéma Lido-Rimouski

J'adore Gabriel Arcand, ce comédien qui propose des rôles concluants au cinéma québécois, souvent récompensés et dont le plus beau souvenir qu'il me vient de lui, son rôle dans « Les Plouffe » de Gilles Carle, où il campe Ovide Plouffe en pleurs et dit en pleine crise, et je le cite de mémoire, « Y'a-t-il sur terre une place pour tous les Ovide Plouffe du monde entier? ».

Ou dans « Le déclin de l'Empire américain »,en un surprenant amant flyé, ou dans l'impressionnant « Post Mortem », aux séquences silencieuses mais visuellement inoubliables.

Il faut aussi profiter du passage de Gabriel Arcand dans cette magnifique production « Le démantèlement », son dernier film du cinéma québécois, qu'il fréquente avec une discrétion toujours efficace et pour un rôle, secondaire ou principal, marquant, à la mesure de son magnifique talent.

Cette production est une réalisation de Sébastien Pilote, qui a aussi proposé « Le vendeur », pour laquelle il a aussi préparé le scénario.

Si celui-ci avait permis une prestation magnifique de Gilbert Sicotte, celui-là donne la franche et importante gestion d'un personnage, simple producteur agricole et fier père de ses deux filles. Sur un environnement cinématographique très respectueux des émotions et de cette tribulation d'un cultivateur (c'est en ce sens noble qu'on comprend Gaby), qui adore tout ce qui l'entoure, de près ou de loin.

L'histoire raconte donc Gaby, héritier la ferme familiale, où il élève depuis toujours des agneaux. Solitaire et indépendant, il aimerait que ses deux filles, qui habitent Montréal, viennent le voir plus souvent. Sa fille aînée, Marie (excellente Lucie Laurier), lui annonce qu'elle souhaite divorcer de son mari et avoue qu'elle a besoin d'argent pour conserver sa maison.

Gaby cherche un moyen de l'aider. Il envisage de démanteler sa ferme, de tout vendre, du troupeau à la maison, et d'aller habiter dans un petit appartement, en ville, qu'il recherche en attendant la vente aux enchères.

À la veille de cet important événement, son autre fille, Frédérique (Sophie Desmarais, très sensible), actrice émergente, vient aussi le voir, complétant le portrait familial et l'amour paternel inconditionnel pour ses enfants, moins pour cette ferme qui « lui a souvent brisé des nuits de sa vie ».

Parlant de la distribution, il ne faut pas passer sous silence la prestation de Gilles Renaud, qui campe avec brio le grand ami et confident de Gaby.

Si Gabriel Arcand propose un Gaby tout en émotions, en amour de ses filles et de ses terres, aussi de ses moutons et de son superbe chien qui a 10 ans et dont il ne pourra se séparer en l'euthanasiant, il campe également ce personnage qui ne peut vivre sans, la nature et ses semblables (un grand contrat), tout en étant complice de cette nature et de ses semblables.

Répétitif? Pantoute.

Arcand y va avec la simplicité qui s'impose, naturellement, profondément convaincu des choix de son personnage.

D'autant que le réalisateur est en lien direct avec un directeur photo, Michel La Veaux, aussi son collaborateur pour « Le vendeur ». Là encore, le choix des plans larges et panoramiques, au moment des « visites » de la ferme, ou des prises de vues plus intimes, lors des conversations avec les filles, sont définis avec une précision et une coïncidence, si je puis dire, en lien direct avec le lieu ou les échanges verbaux.

Pour apporter de superbes plans de paysages, de vues de la ferme ou des lieux urbains, ou alors pour de précises captures visuelles plus intimes, plus vocales, disons, alors que les discussions demeurent explicatives et importantes.

La profondeur des uns et des autres demeure nette, claire, étonnante, donnant un rythme impressionnant à cette production qui demeure l'une des plus importantes au Québec. cette année.

D'autant que la musique de Serge Nakaushi-Pelletier (fondateur du groupe « Pawa Up First ») colle à la prestation cinématographique, qui devient une allusion intime et « western » de cette vie sur une ferme familiale, en un lieu qui impose ses lois et qui coûte le processus de son choix de liberté, « être ou ne pas être » ou « le démantèlement » de son gite, de gains ou de faillite.

Pour s'enfermer et libérer les autres, ses enfants en occurrence.

Film doux et rude à la fois. Comme la vie de tous les jours.

Extrait vidéo:`https://www.youtube.com/watchv=IRLPPbMiXRU&feature=player_embedded#t=7.

Cote: quatre et demi sur cinq.

Gabriel Arcand et Sophie Desmarais, en une séquence tendre et émotive. (Photo: courtoisie Les Films Séville)

Gabriel Arcand et Sophie Desmarais, en une séquence tendre et émotive. (Photo: courtoisie Les Films Séville)

Cette  production présente des plans éloquents, magnifiquement filmés. (Photo: courtoisie Les Films Séville)

Cette production présente des plans éloquents, magnifiquement filmés. (Photo: courtoisie Les Films Séville)

Gilles Renaud joue un personnage au caractète du film, authentique. (Photo: courtoisie Les Films Séville)

Gilles Renaud joue un personnage au caractète du film, authentique. (Photo: courtoisie Les Films Séville)

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Arts et spectacles à Rimouski, Québec, Canada; cinéma et télé