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18 Nov

« L'autre maison » de la vie qu'il faut choisir

Publié par Laurent Leblond  - Catégories :  #« L'autre maison » Cinéma québécois Lido Rimouski

Ce film québécois de Mathieu Roy propose une définition de « L'autre maison », pour des hommes en crise, en recherche, comme pour un père aussi en crise profonde, celle d'Alzheimer, dans un moment du choix de vie, dont le vécu n'a plus de références, ou presque.

Cette description est lourde de sens et de conséquences, chacun des hommes ayant des choix à faire ou à vivre, en des moments essentiels de leur vécu. Alors que le ton demeure « noir et profond », la description s'affiche brillante, en images rayonnantes et en décors profondément riches de vie, de vécu.

La production demeure respectueuse de la démonstration, tout en définissant des critères constants de qualité et du soutien d'une nature, qui, en tout temps, affiche des réalités éclatantes, comme le sont les intervenants de toute souche, en définitive, quand le drame passe et que la sérénité demeure.

« L'autre maison » affiche la recherche de ce qu'on est ou sera, sans pour autant perdre ses souvenirs de ses drames et de ses difficultés. Toujours dans un décor presque immuable, qui rappelle le cheminement de chacun.

Cette reconnaissance de ce qui entoure tout vécu est clairement décrit dans ce père de 80 ans, qui cherche sa maison et que ses enfants veulent installer dans un nouveau refuge qui lui permettra de moins subir son envahissante maladie, par le fait même, sa perte de mémoire et de la notion du temps.

L'un des fils, soumis à un désir de voler et de piloter, quand même responsable de son père qui s'en va sans partir, dans un pays magnifique et reposant, qu'il ne peut plus supporter, est en angoisse totale.

Son frère, photographe de presse, sur les événements de guerre, ou reporteur de vie en Afrique ou ailleurs, est partagé entre l'amour de son père quittant et celui de son métier et des ceux qui lui permettent d'en vivre.

Entre ces trois hommes aux partants de la vie, les accompagnatrices, surtout des femmes, autres vivantes et collaboratrices, amantes même, sont à l'aventure des trois drames qu'elles accompagnent.

La précision de Mathieu Roy, dans cette gestion de trois drames qui se rejoignent, au courant immuable d'une Nature calmante, permet de créer un film juste, poignant, précis de clarté et de ces drames, de ces questions, qui posent toujours la même en fait, qu'est-ce que je fais de ma vie et de celles des autres?

La question est profonde et lancée dès les premières images, dans cette superbe forêt, où le père en motion de perte, se couche dans le sol attrayant et espère finir, surveillé et retrouvé, plusieurs fois, par ce fils en dérive et sa copine qui les aime avec constance, tout en se demandant parfois pourquoi, et retrouvé, par étapes, par cet autre fils, à la recherche de cette aventure dont il a besoin.

À la quatre-vingt-aine de l'un, les deux autres se retrouvent, jusqu'à leur rupture, leur permettant de mieux se retrouver et d'accomplir le destin du père.

En des images éblouissantes, une nature rassurante et un voyage espéré, ensembles, accompli au finale. La réalisation, la construction et la profondeur du destin, sont amenés avec une tranquillité, si je puis dire, rassurante, aux images éblouies et aux plans très ficelés, sur des paroles parfois crues, mais efficaces, de vérité, comme le destin qui fuit.

Éric, angoissé, habite avec son père Henri, atteint d'Alzheimer. Son frère, Gabriel, journaliste en zone de guerre, n'a pas la même vision quant à la manière de s'occuper du paternel. Éric voudrait Gabriel près de son père, alors que Gabriel choisit de travailler, ce que lui a conseillé Henri, alors lucide. Mais, à 80 ans, le père s'échappe continuellement... cherchant cette « autre maison ». Que les trois veulent identifier en fait.

La description est illustrée avec une précision magnifiquement constante, jouée par Marcel Sabourin, brillant vieillard Alzheimer, Émile Proulx-Cloutier, précis dans sa recherche de vie, et Roy Dupuis, ce journaliste de guerre continue, tous trois portés par ce monde éclatant de nature et de sérénité.

Mathieu Roy en est à son premier long métrage de fiction, au texte bien appuyé, avec Michael Ramsey (« Surverving »), sur de superbes images et la direction photographique de Steve Allen (« Québec Montral », « Borderline », « Le bonheur des autres », « Un été sans point ni coup sur »), et le choix musical classique et très efficace.

Extrait vidéo: http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=06ARjacNwGI#t=2

Cote: quatre sur cinq.

Marcel Sabourin joue un Henri criant de vérité et de justesse. (Photo: courtoisie TVA Films)

Marcel Sabourin joue un Henri criant de vérité et de justesse. (Photo: courtoisie TVA Films)

Émile Proulx-Cloutier est l'Éric angoissé et obsédé par son père. Très bien joué. (Photo: courtoisie TVA Films)

Émile Proulx-Cloutier est l'Éric angoissé et obsédé par son père. Très bien joué. (Photo: courtoisie TVA Films)

Roy Dupuis campe un Gabriel conscient de son pouvoir et de son père. Très juste. (Photo: courtoisie TVA Films)

Roy Dupuis campe un Gabriel conscient de son pouvoir et de son père. Très juste. (Photo: courtoisie TVA Films)

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Arts et spectacles à Rimouski, Québec, Canada; cinéma et télé