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21 Sep

Le coup réussi de « Prisonniers »

Publié par Laurent Leblond  - Catégories :  #« Prisonniers » Denis Villeneuve Cinéma Rimouski

Voir ce premier film hollywoodien du québécois Denis Villeneuve, « Prisonniers », demeure une expérience qui ne manque pas de rappeler des souvenirs.

Parce que, dès les premières images, les dialogues précisent rapidement la direction de chacun des personnages, enfants comme parents. Que ça se passe à la « Thanksgiving », la fête la plus importante aux États-Unis, n'est pas fortuit, alors que Dover et son fils reviennent de la chasse, réussie, pour le souper mythique.

Lorsque les deux fillettes, enfants des deux couples, décident de se réfugier chez les Dover, pour s'amuser, après l'intermède du « camper », annonçant déjà le drame et ses conséquences, la dramatique est en pleine course.

Denis Villeneuve, sur ce scénario d'Aaron Guzikowski (« Contraband », moins éclatant tout de même), reconnu pour ses efficacités dramatiques et visuelles, construit une production décapante, imprévisible, qui mêle les genres, les pistes, les conclusions trop hâtives. Ce n'est pas « Les sept jours du tallion », le bon film de Podz.

La démonstration est circonstanciée. Avec des thèmes dirigés sur la violence, les religions envahissantes, le vengeance sociale, les policiers débordés et mal payés, sans oublier la surveillance citoyenne.

Dès les premières minutes, Denis Villeneuve met la table, comme il l'a si bien fait avec « Incendies », « Polytechnique » ou « Maelstrown ». Dans la description momentanée des réactions de chacun des personnages, en un crescendo qui ne cesse de monter l'adrénaline, le questionnement, sur le pourquoi, le comment et le règlement... de plusieurs comptes.

D'autant que le réalisateur québécois profite d'un budget confortable et hollywoodien, plus de 50 millions $, d'une équipe solide et aguerrie et d'une distribution remarquable.

Ce drame, qui se déroule dans une moyenne ville de banlieue d'un état quelconque, détermine la succession angoissante, fort efficace, d'une recherche plus que policière ou parentale, mais civile, dans une société qui dérape.

À ce titre, Villeneuve exploite le « non-lieu », l'imagination du spectateur, impliqué de plein pieds dans cette recherche de deux fillettes aux prises avec le folie du monde, contre la suprême. Le Québécois suspend souvent le vol d'une séquence pour revenir plus subtilement par la suite. Denis Villeneuve compte sur l'intelligence de ses personnages comme du public pour illustrer la dramatique. Et ça marche merveilleusement.

Si je regrette quelques petites longueurs (la course folle vers l'urgence par exemple), « Prisonniers » décrit avec vigueur la folie des hommes et des croyances, comme des vengeances, dans un film précis, presque chirurgical, efficace en toutes minutes.

Hugh Jackman livre le père Dover avec une efficacité qui glace parfois le sang, dans sa peine indicible de la perte de sa petite fille et la recherche de la vérité, la sienne, alors que Terence Howard (le père Birch) campe l'autre père désespéré, qui embarque dans cette folie du dérapage. Alors que le détective Loki, très précis Jake Gyllenhaal, essaie de tout rassembler, comme le spectateur, devant cette dérape qui met en cause, entre autres, le suspect Alex Jones, joué par Paul Dano, en présence des deux mères, proches de l'hystérie, livrées avec précision par Viola Davis et Maria Bello. Et que dire de cette mère Holly Jones, mère d'Alex, campée avec une belle précision par Mélissa Léo.

De fait, la conclusion n'est jamais évidente et cette façon de faire demeure la force de cette très belle production, angoissante et très efficace, sur cette mise en scène précise et déroutante, sur un scénario presque chirurgical, proposé aussi, et surtout, avec une direction photo de Roger Deakins, déjà reconnu pour « Skyfall », qui implique le mystère avec une efficacité, dérangeante mais solide. Quant à la musique de Jóhann Jóhannsson, elle conserve le rôle primordial de la chose, appuyant quelques effets, insistante au bon moment, justement discrète en d'autres moments

Cote: quatre (sur cinq)

Extraits: http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=nPD2jPLSIPQ#t=57

Jake Gyllenhaal livre un détective parfois très intriguant, mais efficace. (Photo: courtoisie Warner Bros Canada)

Jake Gyllenhaal livre un détective parfois très intriguant, mais efficace. (Photo: courtoisie Warner Bros Canada)

Hugh Jackman popose un père dévasté, de façon convaincante et prenante. (Photo: courtoisie Warner Bros Canada)

Hugh Jackman popose un père dévasté, de façon convaincante et prenante. (Photo: courtoisie Warner Bros Canada)

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Arts et spectacles à Rimouski, Québec, Canada; cinéma et télé